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Par Aude Boussarie
Commandée en 1503 à Léonard de Vinci (1452 -1519) par le marchand d’étoffes Francesco del Giocondo, La Joconde, portrait de son épouse Lisa Gherardini, ne sera jamais livrée à son commanditaire. Le maître l’emmènera en France en 1516, alors qu’il est invité par le roi François 1er.Bien que casanière (le tableau est au Louvre depuis 1797 et à sa place actuelle depuis 1966), la vie de Mona Lisa n’a pas toujours été un long fleuve tranquille : volée, en cavale, agressée, elle ne sort plus du Louvre et est conservée dans un écrin de verre, qui en plus de la protéger des agressions extérieures, répond à des impératifs techniques pour sa conservation. Pourtant, entre 1801 et 1802, à la demande de l’Empereur, elle investira les appartements de Joséphine de Beauharnais pour son unique plaisir.
Objet de convoitise, et malgré sa grande notoriété, elle sera volée en 1911, par Vincenzo Perrugia, un verrier italien chargé des travaux de mise sous verre de l’œuvre. Il la conservera deux ans sous son lit avant de tenter de la revendre en 1913 ! Durant les deux guerres, elle sera en cavale : régulièrement déplacée d’un endroit à l’autre pour éviter qu’elle ne tombe entre les mains de l’ennemi. Entre décembre 1962 et mars 1963, à la demande du président Kennedy, elle sera prêtée à Washington et à New York. C’est André Malraux, alors Ministre des Affaires Culturelles qui l’accompagnera personnellement par-delà l’Atlantique ; et c’est en 1974 qu’elle effectuera son dernier voyage vers le Japon avant de réintégrer définitivement son cadre de verre d’où elle peut contempler en toute quiétude « Les Noces de Cana ». Chef d’œuvre de Véronèse, placé face à elle et auquel des foules de touristes (30 000 personnes par jour) tournent le dos malgré ses dimensions magistrales (il est le plus grand tableau exposé au Louvre)… Mais c’est une autre histoire…
Transposons plutôt cette figure du 16ème siècle à ses péripéties modernes et aux sources d’inspiration qu’elle suscite chez les artistes contemporains.
Nous ne comptons plus les artistes qui ont repris l’image de la Joconde, mais certains, de par leur notoriété ou le message qu’ils ont fait passer à travers l’icône de la Renaissance, retiennent notre attention.
Commençons par Marcel Duchamp, qui en 1919, affuble la coquette d’une moustache et d’un bouc et intitule sa parodie L.H.O.O.Q. Son titre est à la fois un allographe (LHOOQ = Elle a chaud au cul) et l’homophone de l’anglais LOOK. Avec cette carte postale gribouillée à la mine de plomb, l’artiste pose à nouveau la question « qu’est-ce que l’art ? ». Il aborde également le sujet de l’homosexualité qu’il reprendra la même année en posant, travesti, devant l’objectif de Man Ray. Picabia fera de L.H.O.O.Q le manifeste du mouvement Dada.
En 1983, Jean-Michel Basquiat transpose la figure de Mona Lisa sur un billet d’un dollar en référence directe au marché de l’art et aux enjeux financiers qui se jouent autour des œuvres et de leurs auteurs.
En 2012, Martin Parr posera la question du regardeur contemporain qui, braquant son téléphone portable vers l’œuvre, ne la voit finalement plus qu’à travers son écran alors qu’il est face à l’original, peint il y a presque cinq-cent-vingt ans.
Pour finir, Andy Warhol s’en servira dans le cadre de sa critique de la société de consommation et beaucoup d’autres s’en inspireront : Fernando Botéro, Roy Lichtenstein, Robert Rauschenberg, Salvador Dali, Invader, Miss Tic, Rafal Olbinski, Vik Muniz… pour ne citer que ceux-là.
La liste est longue, à vous de jouer !
