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Par Marine Balansard, co-fondatrice du cabinet Ariseal en intelligence décisionnelle après plus de dix-huit ans en salle des marchés à la Société Générale sur des postes de vente de produits dérivés auprès de clients français et internationaux, co-auteur de « Décider ça se travaille » (Eyrolles)
Il n’est pas indécent de s’interroger sur le meilleur investissement à faire en ce moment. A l’heure, peut-être, d’une nouvelle crise bancaire internationale suite à la faillite de la Sillicon Valley Bank en Californie, quelle stratégie peut-on déployer pour récolter demain les fruits de nos investissements d’aujourd’hui ? Investir, c’est prendre un risque à un horizon donné. Mais si tout s’effondre, un investissement ne perdra pas de valeur : vous-même.
Aujourd’hui en France, 44% des salariés font état d’une détresse psychologique. Le nombre de burn-out (littéralement brûlé de l’intérieur) est multiplié par trois depuis la crise sanitaire de 2020. Ces statistiques sont invraisemblables, inquiétantes et inattendues car la France est l’une des plus grandes puissances mondiales, et une des plus protectrices socialement.
En parallèle, il est observé une forte hausse des bilans de compétence (plus de deux fois plus qu’en 2019). Cet outil de connaissance de soi et de ses motivations profondes permet à des personnes en recherche d’emploi de s’orienter. Pourtant en 2022, ce sont majoritairement des personnes en poste qui entrent dans cette démarche, pour (re)trouver leur voie et le sens de leur vie…
Le projet qui consiste à devenir celui que l’on est, et donc à se connaitre, n’est pas vraiment une préoccupation première en France où l’on privilégie toujours le savoir (théorique) et le savoir-faire (compétences professionnelles) au savoir-être (qualités). D’ailleurs, les outils de développement personnel viennent principalement des pays anglo-saxons, et sont accueillis ici avec circonspection souvent.
Dans leur grande majorité, les salariés ou entrepreneurs n’ont pas investi de temps dans des formations à l’intelligence émotionnelle. C’est un biais culturel hérité du siècle des Lumières qui préfère faire la part belle à la rationalité, plutôt qu’aux « passions » qui égarent. Pourtant, les émotions sont justement le domaine que l’intelligence artificielle peine à investir, à reproduire. C’est la chasse gardée de l’homme. Les émotions, nichées au cœur de nos décisions, sont un formidable outil de création de valeur.
Investir en soi, c’est la certitude de gagner en confiance et en lisibilité. Il n’est jamais trop tôt pour le faire, ni trop tard ; c’est simplement une aspiration à laquelle il ne faut pas résister.

