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Rencontre avec Guillaume Zarka, un homme inspiré et inspirant avec une réflexion en profondeur sur l’entreprenariat, la vie et ce vers quoi elle nous emmène chacun…
Propos recueillis par Christelle CROSNIER
L’important pour moi, c’est de marcher. Je suis un marcheur : avancer, regarder, expérimenter, se tromper, apprendre, se relever, recommencer. À l’école, on nous demandait de lire « Candide » de Voltaire ; on nous parlait de cette notion de « voyage initiatique » … Je me rends compte aujourd’hui à quel point le concept était fort… Mais peut-être qu’en cinquième, il est un peu tôt pour l’expliquer ; ils auraient mieux fait de nous le faire étudier plus tard pour nous enseigner qu’effectivement, c’est le chemin qui est amusant, et non la destination.
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Je me suis toujours considéré comme un entrepreneur, j’étais déjà peu assisté et extrêmement responsable de mes actes. Je me souviens avoir été stagiaire, ce sont peut-être les seules fiches de paie que j’ai eu de ma vie, mais je ne trouvais pas ma place, je n’étais pas à l’aise. J’ai créé ma première entreprise à vingt-deux ans en sortant de mes études. Je crois qu’il faut être complètement aveugle, naïf et rêveur pour devenir entrepreneur ; si l’on m’avait dit que cela serait si long, je ne m’y serais probablement jamais engagé. La réalité, c’est que c’est long d’entreprendre. Il faut être patient, s’accrocher, se concentrer sur son envie et ne pas trop se soucier du temps qui passe. Je me rappelle que pour ma première entreprise, il me fallait une autorisation préfectorale et un partenariat avec une grosse société que j’avais parfaitement identifiée ; je suis resté trois semaines assis à mon bureau de 8h à 21h simplement pour attendre leur coup de fil ! De temps en temps, je m’appelais de mon portable sur la ligne fixe pour vérifier que le téléphone marchait bien…
Chaque matin, il y a cette foi en nous qui dit que la mission dont on se sent investi est juste et qu’il faut avancer. Je crois qu’il ne faut pas trop regarder le gain immédiat ni craindre le futur, mais plutôt apprendre à construire sur le long terme avec une vision précise… Il me semble que Dyson a dû réaliser trois mille prototypes avant d’arriver au bon aspirateur !
En France, on demande aux entrepreneurs de toujours se présenter comme des lions imbattables dans l’arène. Pour moi, le bon entrepreneur est celui qui qui se sent doté d’une mission, reste très patient et extrêmement concentré.
Quelle que soit l’entreprise dans laquelle je me suis impliqué, c’est toujours parce que je voyais un besoin et que je ne trouvais pas l’outil pour le résoudre… Je me disais : il faut le mettre en place ! C’est ainsi par exemple que j’ai eu l’idée de mettre des écrans de divertissement tactiles dans les taxis parce qu’un jour, alors que je m’y ennuyais, j’ai imaginé qu’ils pourraient proposer ce type de services. Je ne connaissais rien au monde des taxis, ni à la technologie et encore moins aux médias ; je n’avais aucune idée de ce dans quoi je m’engageais… J’ai appris sur le tas. C’est la magie de l’entreprenariat, cela signifie être assez fou pour penser que notre idée pourrait révolutionner le monde et garder en soi cette boule de feu et d’énergie qui nous pousse à aller de l’avant dès le réveil.
L’état d’esprit des américains me plaît : on peut se tromper, voire même changer de métier, le principal reste l’épanouissement personnel. Je m’en suis inspiré pour monter ma nouvelle société Drink Waters. Deux rencontres avec de vrais entrepreneurs engagés m’y ont également poussé : celles d’Yvon Chouinard le fondateur de Patagonia et de Chad Meredith Hurley, cofondateur de YouTube et Paypal. Ils m’ont prouvé la force de l’engagement, avec une vision qui ne soit pas uniquement capitaliste mais qui tend à faire évoluer le monde dans lequel nous vivons. Aujourd’hui, cela n’a plus aucun sens pour moi de monter une entreprise si derrière il n’y a pas une mission ; c’est pourquoi nous reversons 1% de notre chiffre d’affaires pour nettoyer les océans. Je suis en effet en guerre contre les bouteilles en plastique car j’ai réalisé qu’elles se sont généralisées dans les années 60/70 en créant des dégâts incroyables pour la planète. Il est de notre devoir à tous de protéger les océans et d’essayer de réparer ce qui a été fait.
Rien ne se propage plus vite qu’une bonne idée. Il s’agit de faire bouger les choses en modifiant nos comportements et nos habitudes de consommation dans ce nouveau monde qui est en train de se dessiner.
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