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Par Marion Damelon-Desmaison
L’escargot est un petit animal totalement exceptionnel. Les plus anciens fossiles connus datent de plus de 200 millions d’années avant l’apparition des premiers dinosaures et donc + ou – 500 millions d’années avant les premiers hommes. On peut d’ores et déjà admettre que si ce mollusque a autant d’années d’évolution naturelle c’est que son anatomie est particulièrement bien adaptée à la vie.
Il est donc passionnant de constater que la coquille de l’escargot, qu’il fabrique avec son mucus, est une armure naturelle suffisamment efficace pour traverser le temps et les bouleversements climatiques.
Les gastéropodes sont présents dans tous les milieux : eaux polaires, grands fonds, lacs, rivières, milieux humides, milieux les plus arides (pouvant supporter des températures de 65°), milieux secs, en montagne à des milliers de mètres d’altitude. Il existe également des escargots marins : bigorneaux, pourpres, littorines avec d’importantes variations à l’intérieur de chacune de ces espèces. Il y aurait 103 000 espèces de gastéropodes identifiées à ce jour.
De nombreux écrits dévoilent de multiples utilisations des escargots, en particulier à des fins thérapeutiques. Hippocrate 400 av. J.-C., et Pline l’Ancien 23 à 79 après J.C. le recommandaient sous forme de bouillie, « ce remède est souverain pour adoucir la douleur occasionnée par les brûlures, les abcès et autres plaies ». Celse, philosophe romain, préconise l’escargot cru et pilé avec sa coquille comme un cicatrisant ; bouilli, il affirme ses propriétés émollientes.
De nos jours, beaucoup de travaux scientifiques ont pu confirmer les propriétés thérapeutiques de la bave d’escargot avec notamment des effets protecteurs et régénérants pour la peau. Le mucus, naturellement riche en collagène, vitamines et acides aminés essentiels, est la nourriture indispensable de la peau, ses vitamines basiques sont des antioxydants puissants qui retarderaient le vieillissement de l’épiderme.
L’escargot est universellement symbole lunaire. Il indique la régénération périodique : il montre et cache ses cornes comme la lune apparaît et disparaît ; mort et renaissance, thème de l’éternel retour.
Chez les premiers chrétiens qui en plaçaient parfois dans les tombes, il symbolisait l’immortalité de l’âme et la résurrection : « L’escargot, quand vient l’hiver, se cloître dans sa coquille et la ferme. Au printemps, il le soulève et semble renaître à la vie ».
Plus récemment, Carl Jung a noté que l’escargot est la représentation de soi dans les rêves. En psychanalyse, l’intérieur doux de l’escargot est analogue à l’inconscient, comme la coquille à la conscience.
Ce petit animal un peu à contre-courant de nos sociétés toujours pressées, est utilisé pour décrire la lenteur, l’inefficacité. Par extension une opération escargot est une action consistant à provoquer un ralentissement de la circulation à des fins revendicatives !
