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Par Lionel PANCRAZIO Chercheur et docteur en durabilité Enseignant à HEC, la Sorbonne, l’École des Ponts et Dauphine Responsable recherche et développement dans l’industrie
Notre planète Nous pensions qu’avec nos avancées et nos progrès, nous ne pouvions que nous diriger vers un monde où le bien-être ne ferait que croître. Or, nous nous rendons compte qu’il y a des dérèglements très importants qui pourraient aller jusqu’à compromettre l’existence même de l’être humain ! À partir du moment où nous n’avons pas intégré les ressources comme étant finies, ni le fait que la vie sur terre soit un processus très long qui a pris plusieurs milliards d’années et que l’être humain reste un être vivant devant respecter l’équilibre des autres êtres vivants et de son écosystème, malheureusement nous nous apercevons que l’impact de nos activités peut compromettre la vie elle-même.
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La durabilité ou « sustainability » C’est amener à prendre en considération la vie sur la surface de la planète ainsi que les équilibres nécessaires pour permettre à une population passée d’un peu plus d’un milliard de personnes au siècle dernier à près de huit milliards aujourd’hui de continuer à exister sereinement. C’est arriver à faire en sorte que nos modes de vie et la gestion de nos activités soient durables et que nous puissions continuer à nous développer sans que cela ne pose problème pour autant.
La problématique de notre mode de vie rubain Le mode de vie urbain représente près de 80 % des problématiques de dérèglements climatiques. Il s’agit donc de transformer profondément la gestion et l’impact de chacune de nos façons de faire.
Il faut avoir une approche globale Dans nos civilisations développées, nous avons segmenté es activités : agroalimentaire, mobilité, habitat, tertiaire, numérique… Pourtant, si nous raisonnons de façon linéaire, c’est-à-dire par secteur, on sera réducteurs. On dira par exemple : « il ne faut plus de voitures à essence » ; c’est important bien sûr, en revanche, il faut également prendre en considération tout un tas de paramètres comme les ressources, l’impact carbone à très court terme pour produire ces nouvelles voitures décarbonées, ce que vont devenir les autres véhicules délaissés. On se rend compte que si on veut tout transformer en parallèle, on pourrait au final engendrer des choses pires que les précédentes. Parce que si l’on n’intègre pas la totalité de l’impact de la production d’une voiture par exemple, c’est-à-dire le fer que l’on produit pour la construire, ses composants électroniques, tous les transports qui vont lui permettre d’être assemblée à un endroit donné, les déchets que vont représenter la destruction des autres modèles, on n’arrivera pas aux bonnes solutions …

Une nouvelle manière de penser la consommation Dans quelques quartiers et villes de par le monde, on commence à atteindre des modes de vie durables, c’est-à-dire où l’on ne prend pas plus d’énergie ni de ressources que ce que la moyenne disponible à la surface de la planète permet pour l’ensemble des individus. Ce sont pour autant des personnes vivant dans des habitats tout à fait confortables, se nourrissant parfaitement et se déplaçant, mais elles ont questionné chacune de leur façon de faire et ont mutualisé de nombreux services. Nous devons nous en inspirer. Dans le nord de l’Europe ou dans des pays comme la Suisse par exemple, la culture est au dialogue et à la participation ; ainsi la place de l’individuel par rapport au collectif a été rediscutée : les voitures sont en auto partage, tout comme les caisses à outils pour bricoler, les appartements supplémentaires pour recevoir de la famille, etc.
Éduquer dans une conscience écologique La prise de conscience est là. Même si, du côté des entreprises, il y a forcément une peur et de nombreux questionnements du type : « comment puis-je avoir une activité où je n’émets pas de carbone et où je n’ai plus de déchets, tout en étant rentable ? ». Dans le même temps, les entrepreneurs s’aperçoivent que c’est aussi une formidable opportunité de trouver de nouvelles activités à développer pour répondre à ces besoins de transition. Mais pour cela il y a avant tout un travail important à effectuer, qui est celui de répertorier chacune de ses activités, d’en mesurer l’impact sur l’environnement puis de comprendre comment le réduire au maximum. En ce qui concerne les particuliers, il est possible de se mettre au vélo, produire son électricité en présence d’un écosystème favorable : son usage est évidemment conditionné par le stationnement et la sécurité lors du parcours ; à Amsterdam c’est devenu le mode de transport urbain par excellence, sachant qu’aujourd’hui le vélo électrique permet de s’affranchir de la difficulté des parcours avec un dénivelé. Il est également possible de produire sa propre électricité en installant des panneaux photovoltaïques complétés par un chauffage au bois pour un lieu de vie à la densité modérée et avec la présence d’arbres autour pour être en mesure d’absorber les rejets lors de la combustion… Tout est à réinventer. C’est en pratique une nouvelle approche à mettre en place et donc méthode de gouvernance des territoires faite de top-down autant que de bottom-up, pour rechercher des complémentarités entre les activités afin d’atteindre une neutralité au regard des conditions de vie sur la terre et le plus d’impacts positifs. Il y a un débat de fond à mener sur : c’est quoi la durabilité, comment peut-on rendre notre vie sur terre soutenable et vivable dans le temps. Une fois qu’on aura défini ces éléments-là, chacun des territoires pourra avoir des réponses différentes. Nous avons tous notre part à faire et nous avons fortement intérêt à en devenir acteurs plutôt que spectateurs.