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Par Marine BALANSARD, Co-fondatrice du cabinet Ariseal en intelligence décisionnelle après plus de dix huit ans en salle des marchés à la Société Générale sur des postes de vente de produits dérivés auprès de clients français et internationaux, co-auteur de « Décider ça se travaille » (Eyrolles)
Si vous pensez que l’Ethereum est un médicament, que la cryptosis est la pierre qui détruit Superman, ou que le minage est une activité dans Minecraft, alors vous faites partie des 92% de Français qui ne détiennent pas de cryptomonnaies. Depuis 2014, ces monnaies dématérialisées connaissent pourtant un essor fulgurant, semblable à celui d’internet en 2000 ou des subprimes en 2007. Caractérisées par une forte volatilité, mais aussi synonymes de liberté, ces nouveaux actifs attirent les jeunes et les hommes. Y-a-t-il un avenir pour les cryptomonnaies ? Les femmes gagneraient elles à s’y intéresser davantage, de façon à maîtriser également la technologie de la blockchain, dont les cryptomonnaies sont une des premières applications ?
Une monnaie numérique risquée Crypto en grec signifie « caché » Dans le principe, les cryptomonnaies sont comparables à des jetons de casino. Ces « token », sans indexation ni sur l’or, ni sur une autre monnaie, se développent en dehors des circuits financiers habituels. Les « cryptos » sont des monnaies échangées sous forme numérique entre « pairs » via des réseaux ultra sécurisés (blockchain).
Contrairement à celui des jetons de casino, le cours des cryptomonnaies évolue en fonction de l’offre et la demande, parfois brutalement (lors du « crypto-krach » de 2022, le bitcoin a perdu la moitié de sa valeur). Les cryptos restent un « objet monétaire » spéculatif risqué. Actuellement plus de 18 000 cryptomonnaies existent, dont la plupart disparaitront par rationalisation, comme de nombreuses startup en 2000. Pour les fans de cryptos, les avantages sont indéniables. Ces monnaies permettent de s’affranchir des insuffisances des systèmes financiers classiques, et de préserver la confiance (le système étant conçu pour être invulnérable).
Les cryptomonnaies se développent dans l’angle mort des femmes
A la croisée des chemins entre la « tech » et l’investissement risqué, le monde des cryptomonnaies est en dehors du champ d’attention des femmes. Elles n’ont réalisé que 4% des investissements dans ces actifs en 2021. Diverses études indiquent que pour des raisons culturelles, les investisseuses ont un appétit mesuré pour le risque. Or les cryptomonnaies présentent précisément un double risque, celui de l’investissement couplé à celui de technologie, domaine dans lequel les femmes sont peu présentes. De quoi en rebuter beaucoup. L’utilité sociale des cryptomonnaies interroge, or c’est un critère de sélection important, notamment pour ceux qui cherchent des investissements ayant du sens.
L’avènement des « Crypto Queens »
Le monde remuant des cryptomonnaies, sorte de « boys club » se transforme progressivement. Les femmes y investissent de plus en plus. Le rapport australien (BTC Report 2021) indique que 23% des acteurs sont des femmes. Leurs habitudes ne changent pas : investir résulte d’une approche long terme, d’une prise de risque mesurée et de convictions. Une investisseuse dans l’Ethereum l’explique : « J’ai alloué aux cryptomonnaies une somme qui ne me manquerait pas si je la perdais. J’ai accepté qu’apprendre a un coût, ce qui est une démarche plutôt anglo-saxonne. En investissant, j’ai tout appris de ce nouveau monde plein d’opportunités. »
S’intéresser aux cryptomonnaies est une façon de connaître et maîtriser les nombreuses applications de la blockchain. Les femmes gagnent donc à s’investir dans ces innovations, sans forcément investir, afin de contribuer pleinement à la rationalisation des applications de la blockchain.
Vocabulaire :
- Ethereum : plateforme informatique d’échange de la monnaie Ether -Cryptosis : syndrome d’obsession concernant les cryptomonnaies (intérêt compulsif accompagné d’actes d’achat).
- Minage : procédé de validation des transactions sur une blockchain
