PARTAGEZ L'ARTICLE SUR LES RESEAUX SOCIAUX
Ingénieur de formation, sans connaissances financières particulières, Philippe Henriet a créé sa propre stratégie. Avec détermination et rigueur tout en s’entourant d’experts. Il nous explique comment transformer son argent en liberté…
Par Christelle Crosnier et Thomas Ferreira
Christelle : C’est quoi avoir un mental de rentier ?
Philippe : Pour moi, c’est surtout développer la conviction, la certitude – et puis l’expérimenter – que c’est possible d’arrêter de travailler pour l’argent et de faire travailler l’argent pour soi en utilisant son propre génie financier.
Christelle : En quoi l’argent est-il une énergie ?
Philippe : J’aime bien le comparer à l’électricité et j’ai même envie de dire que c’est un potentiel d’énergie. C’est peut-être mon côté ingénieur ! C’est à dire que l’argent va prendre sa force, sa puissance en circulant, tout comme l’électricité, en choisissant de préférence les meilleurs conducteurs, et en utilisant tous les canaux qui facilitent sa circulation. C’est une ressource qui est à la fois subtile et en même temps très puissante. J’aime bien cette image de Pirelli qui disait : « Sans maîtrise, la puissance n’est rien ». C’est pareil pour l’argent. On peut facilement mettre ses deux doigts dans la prise. Et c’est ce qui fait peur.
Christelle : Vous dites que l’argent est devenu un jeu dont vous connaissez les règles. Pouvez-vous nous en donner les principes essentiels ?
Philippe : Pour moi, l’argent en soi n’existe pas. C’est un concept qui n’a pas de valeur intrinsèque. Ce qui compte, c’est la création de valeur. L’argent est simplement là pour matérialiser un échange équitable, qui nécessite d’avoir un donner/recevoir équilibré. Il s’agit de comprendre et d’anticiper son déplacement et ses mouvements. C’est là qu’il va prendre sa force et sa puissance. On a tendance à vouloir stocker, thésauriser, or ce qui donne à l’argent de la vigueur et du sens, c’est de le faire circuler.
Christelle : Continuez-vous à explorer chaque jour des niveaux de plus en plus complexes de ce « jeu » ?
Philippe : Exact, on ne donne pas une Formule 1 à un jeune conducteur débutant. Plus le véhicule est puissant, plus il va être délicat à piloter. C’est la même chose pour les investissements. Plus ils sont performants, plus ils sont délicats à contrôler et plus le risque associé est élevé. L’investissement est une des quatre compétences clés pour maîtriser l’argent. La première, c’est savoir « faire de l’argent », ensuite savoir le dépenser, puis épargner avec des solutions un peu plus complètes pour faire en sorte que l’argent travaille pour nous.
Christelle : De quelle manière la vie s’est-elle chargée de vous challenger ?
Philippe : Je pense que tout ce que j’ai pu développer sans en avoir vraiment conscience au niveau de la sécurité financière a pris sa source dans l’enfance. J’ai compris que je devais me protéger et que je ne pouvais compter que sur moi-même. Puis j’ai perdu mon père et il a fallu que je m’occupe de ma mère. J’ai basculé d’un adolescent attardé à un patriarche. Au même moment, j’ai fait un burn out qui m’a cloué pendant deux ans ; j’étais incapable de faire quoi que ce soit. Moi qui suis très sportif et passionné de kitesurf, même cela ne me motivait plus.
Christelle : C’est comme si vous ne saviez pas demander de l’aide et que finalement vous aviez cristallisé votre liberté à travers l’argent…
Philippe : Absolument. C’est encore un chemin pour moi aujourd’hui. Apprendre à demander de l’aide. J’ai beaucoup fait seul, en ne comptant que sur moi. Aujourd’hui, c’est un chemin dans mon évolution d’apprendre à aller taper aux portes. Au décès de mon père, je n’ai pas eu le choix. J’ai commencé à m’initier à la finance en lisant des livres et des newsletters de conseillers en gestion de patrimoine… Pour moi, c’était du chinois. Pourtant, j’étais ingénieur et j’avais des postes à responsabilité ! Je me suis dit : « il faut que je comprenne comment ça marche, je dois en faire une priorité dans ma vie ». Je me suis progressivement entouré de spécialistes : experts-comptables, avocats fiscalistes, chasseurs immobiliers, conseillers en Bourse, Private Equity et cryptomonnaies.
Christelle : Quels sont les conseils que vous donnez pour devenir « rentier » ?
Philippe : Il n’y a pas de bons ou de mauvais investissements. Il est important de comprendre qu’investir est un droit qui se gagne en ayant rempli ses besoins de sécurité. Selon Warren Buffet : « N’espère pas gérer de l’argent tant que tu ne sais pas gérer tes émotions »; c’est très vrai. C’est ce qu’il faut identifier et faire bouger en fonction des objectifs qu’on se fixe.
Christelle : Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur comment automatiser son enrichissement ?
Philippe : Merci pour la question car c’est essentiel. L’idée est en effet de se fixer un objectif, de définir une stratégie puis de systématiser sa mise en œuvre de façon à dégager le mental pour ne plus avoir à réfléchir. Parce que le grand danger dans l’investissement, c’est tout ce qui est émotionnel. Cela peut être une épargne forcée, un virement automatique sur un compte, investir dans ce qu’on appelle le DCA (dollar coast average), avec un montant fixe toutes les semaines ou tous les mois. J’investis par exemple 50€ en bitcoins toutes les semaines et cela se fait automatiquement, sans y penser.
Christelle : Vous avez créé le programme Mentoring Finance. À qui cela s’adresse-t-il ?
Philippe : Essentiellement à des entrepreneurs parce que j’en suis un moi-même et qu’il me semble que c’est important de se responsabiliser puisque j’ai la conviction que ce que l’on vit n’est que le résultat de qui l’on est. Un entrepreneur a cette conscience. Mais je me rends compte que certains salariés ont aussi cette volonté de se prendre en main et donc cela concerne toute personne qui a envie d’améliorer sa relation à l’argent et de développer sa propre liberté financière. L’argent est un sujet tabou en France, presque plus que le sexe. C’est intime, il y a quelque chose de viscéral et on a besoin de se sentir en confiance et de savoir avec qui on va faire un bout de chemin.