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Par Brian Bouillon Baker, fils de Joséphine Baker, acteur et écrivain
Orly s’éveille au crépuscule des avions qui s’apprêtent à décoller vers d’autres cieux. Je suis déjà parti, et commence à vibrer au son des appels des conteurs ancestraux, ce patrimoine oral semble me sortir de ma torpeur matinale. Les tambours de rue résonnent dans ma tête, encore assoupie. Le petit berbère qui sommeille en moi se réveille doucement à l’idée de partager cette formidable aventure que je vais vivre au Maroc, plus vite, plus fort, mon cœur bat à la chamade à l’idée de découvrir les contes cassis, les contes peuls, les contes irlandais, celtes ou autres histoires venues de toutes parts. Ces actrices et acteurs internationaux venus des quatre coins de la planète vont relever le défi du marathon non-stop de ce festival mondial au cœur de la ville marocaine des ancêtres de cet art si étonnant. Cet héritage oral va commencer et j’y suis déjà.
Lucie et Mike Wood, les initiateurs de ce deuxième Festival International des Conteurs du Monde, m’accueillent à l’aéroport des Lions de l’Atlas (superbes demi-finalistes de la Coupe du monde FIFA 2022). « MERHEBA » ou « BIENVENUE » ou encore « WELCOME » dans la Cité Rouge.
Cette année est en effet une cuvée d’exception. Sa Majesté le Roi Mohammed VI en est le parrain. La tradition de transmission est assurée dans le respect et le partage.
Les contes autrefois permettaient de communiquer, de constituer un patrimoine culturel à travers le verbe dans toute l’Afrique subsaharienne. Et en cela, toutes et tous au-delà des frontières se transmettaient à l’infini et se reconnaissaient comme rifain, soussi, rguibat, chleuh, rbati, ou bidaoui, fassi, marrakchi, arabe ou berbère.
La réalité a remplacé la fiction, qui permettait de rêver, d’imaginer, de s’évader. Aujourd’hui, tous ces contes magiques se sont évaporés, laissant place aux mangas et aux dessins animés aux couleurs électriques, sans aucune poésie. Ce festival qui rassemble plus de quatre-vingt-sept conteuses et conteurs des cinq continents, dont votre serviteur, est sans nul doute l’exemple d’un tremplin qui permettra de rouvrir les portes du rêve et de la poésie.
Un point d’énergie relié par la transmission orale. Ce festival sera dirigé sous la baguette de Simon Martin, Ambassadeur de Grande Bretagne, acteur actif de ce challenge culturel accompagné d’Abderrahim Al Azzaia, Mohamed Bariz, et de Taaffy Thomas MBE, magiciens de ce joyeux cercle de Halqa sur la place magique aux couleurs pourpres, au pied de la Koutoubia, au cœur de Marrakech. Le Hikayakon (équivalent d’un marathon en oralité orientale) va se mettre en place, avec une farandole colorée et musicale. Le top départ est donné avec maestria par le parrain officiel de cette manifestation, Taaffy Thomas MBE, sans oublier les autres artistes incroyables du verbe tels Baba C, Pénélope Gréco de Beauharnais, Pauline Tserkassova, Hafida Hamoud, l’inénarrable John Row, Donald Nelson, Michael Perrine, Baden Prince, Chandrika Joshi ou bien Juliana Marin. La liste est longue dans ce chaudron artistique et multi-ethnique pour célébrer l’art du conte dans toutes les langues aussi diverses que l’arabe, le darija, le tamazight, l’anglais, le français, l’allemand, l’espagnol, l’Italien, le grec, le russe et le persan. C’est la halqa (le cercle en arabe) sans frontières.
Une ronde incessante qui nous fait partager le passé et l’imaginaire par une transmission subliminale.