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Dans son dernier ouvrage, Désir de nuit (Bouquins Editions), une anthologie de la nuit de l’Antiquité gréco-romaine au XXe siècle, Janine Mossuz-Lavau propose un voyage au coeur de l’intimité de chacun, et dans la vraie vie, elle donne des conseils pour Liberty mag. sur l’amour et les rencontres en temps de Covid.
Propos recueillis par Christelle CROSNIER
Christelle : La Covid a-t-elle vraiment été un crash test pour les couples ?
Janine : Il y a des couples que cela a rapprochés parce que cela leur a permis de faire d’autres choses en commun, qu’ils ne faisaient pas avant quand chacun était sur son lieu de travail. Il y en a d’autres, qui étaient déjà un peu branlants, qui, ne se supportant plus, ont explosé.
Christelle : Y-a-t-il eu un baby-boom après les confinements successifs ?
Janine : Il y a quelques années, il y avait eu une panne d’électricité à New York et des gens étaient restés coincés toute une nuit dans des ascenseurs et autres. Neuf mois après, on avait observé un petit baby boom ! Donc, on se disait « est-ce que ça va faire la même chose ? ». Eh bien non, dans cette atmosphère pesante et durable, nombreux se sont dit « ce n’est peut-être pas le moment ». Déjà, il y a eu moins de mariages puisque que les cérémonies prévues n’ont pas pu avoir lieu ; idem il y a eu moins d’emménagements ensemble. Cela a freiné ce qui est quand même l’essentiel de la relation amoureuse, c’est-à-dire le contact peau contre peau.
Christelle : A-t-on observé une explosion des sites de rencontres ?
Janine : Au contraire, il y a eu une diminution parce que d’habitude on se donne rendez-vous dans un café, et là, il y en avait plein qui étaient fermés. Mais surtout qu’est-ce qu’on fait face à quelqu’un finalement qu’on ne connaît pas ? Est-ce qu’on lui dit « oui on se rencontre mais vous venez avec un test » ?! Un certain nombre de personnes se sont senties saisies par la peur de s’approcher trop. « L’enfer, c’est les autres » comme disait Jean-Paul Sartre ! La vente de préservatifs s’est écroulée de 40% en l’espace de deux ans, paraît-il ! Il y a eu moins de rapports et donc moins besoin de moyens de protection… Paradoxalement, au début de la pandémie, les préservatifs s’arrachaient comme des petits pains tel le papier toilettes ou le gel hydro alcoolique ! Mais après le besoin a été moins pressant parce qu’il y avait moins d’occasions. Beaucoup se sont reportés sur les sex-toys. Une anecdote qui m’a fait rire lorsque les commerces étaient fermés : certains sex-shops de Pigalle ouvraient comme les épiceries pour la vente à emporter : on commandait par téléphone puis chacun venait récupérer son paquet à l’entrée du magasin!
Christelle : Nombreux sont ceux qui se sont retrouvés dans une grande solitude émotionnelle ?
Janine : Bien sûr, notamment les jeunes qui n’avaient plus de cours à la fac, qui n’avaient plus de copains, enfermés dans une petite chambre d’étudiants à un âge où l’on a tellement besoin de contacts et d’échanges. Cela a été dramatique pour certains d’entre eux.
Christelle : Quelle est la bonne méthode pour rencontrer l’âme sœur en temps de Covid ?
Janine : Soignez votre maquillage, vos cheveux et ne sortez pas à moitié en pyjama ! Qu’est-ce qui devient le plus important ? Le regard, les yeux derrière le masque ! « T’as de beaux yeux tu sais », comme disait Jean Gabin à Michèle Morgan .