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En charge de l’innovation au Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, Axelle Barrau accompagne et forme les dirigeants et les équipes gouvernementales aux grands enjeux du monde de demain. Réputée pour mettre de la créativité et de l’inventivité partout où elle passe, elle s’attèle à mettre en place de nouveaux modes de fonctionnement pour le bien de la planète et de l’environnement.
L’innovation est une clef de transformation essentielle pour porter les politiques publiques dans un monde administratif et une société de plus en plus complexe et en transition. Les leviers à mettre (urgemment) en oeuvre : embarquer par le sens, favoriser l’expérimentation notamment dans le champ de la transition écologique, faire essaimer les méthodes participatives, doper l’intelligence collective. A l’heure d’une perspective assez certaine de la perturbation de nos modes de vie par les dérèglements climatiques, ces leviers deviennent des vecteurs de transmission indispensables. Sans une approche pédagogique et solidaire des nouveaux enjeux écologiques à porter, faire connaître et transmettre, il y a des forts risques de tension sociale et d’incompréhension sur les efforts de sobriété à mettre en oeuvre et dans tous les domaines (mobilité, consommation, ressources naturelles et énergie, …), pour préserver nos ressources et notre planète. Pour faire souffler un vent d’innovation dans le « green » , il faut probablement une dose incroyable d’humilité, ce qui est une condition sine qua non pour avoir des réussites dans le monde sportif… Plus sérieusement et sans jeu de mots, dans l’écosystème de l’écologie c’est probablement, retrouver cette humilité oubliée par certains, qui restent dans la croyance d’un homme tout puissant et domptant la nature ou de ressources disponible et infinies à l’échelle planétaire pour des siècles et des siècles (l’ère de l’anthropocène)… L’actualité nous montre qu’il nous faut changer de paradigmes et dans une échelle de temps inférieure à une génération…
Dans le contexte de la crise climatique avec ses évènements de canicules, d’incendies, de sécheresses et d’inondations, de la crise des ressources naturelles en eaux, et de la perte de notre biodiversité avec la disparition de nos espèces végétales et animales, le challenge est particulièrement élevé. C’est pour y répondre que le gouvernement se mobilise, pour construire. un développement résilient et une économie durable, sobre et compétitive, qui doit être au bénéfice et au service des usagers et des citoyens. À savoir acculturer l’ensemble des équipes ministérielles, des hauts cadres dirigeants à leurs agents, aux enjeux de transition écologique, s’appuyer et faire évoluer les politiques publiques pour qu’elles y répondent et en facilitent la mise en oeuvre en créant des espaces d’échanges et de (co) construction : « désiloter » les administrations en veillant à l’acceptabilité sociale et l’accessibilité des mesures pour l’ensemble des citoyens…
C’est d’ailleurs, l’ambition du programme de formation à la planification écologique lancé le 11 octobre pour l’ensemble de tous les dirigeants de la Fonction Publique, qui s’inspire d’une expérience pionnière de sensibilisation, que j’ai conçue spécifiquement à destination des membres des cabinets ministériels, testée en mode pilote cet été, autour de trois axes clefs :
– engager une prise de conscience des enjeux et de leur complexité
– outiller avec des références et données scientifiques à travers une conférence du GIEC sur l’évolution du climat;
– ouvrir et débattre sur des leviers d’action individuelle et collective. Cette démarche répond à la volonté de la Première Ministre de former les équipes ministérielles aux évolutions des problématiques environnementales et à leur intégration dans l’élaboration des politiques publiques afin d’engager l’ensemble du Gouvernement dans la planification écologique.
Nous vivons clairement une transition à l’échelle de la planète : c’est nos modes de vie qui sont « en transitions ». Il va falloir apprendre à fonctionner autrement : on sait maintenant que la préservation de la biodiversité est notre assurance santé, la Covid-19 nous l’a bien démontré. Sauf qu’il ne s’agit pas seulement de dépasser une crise sanitaire mais de repenser nos savoir vivre ensemble et nos habitudes de vie, si l’on veut éviter/modérer des emballements climatiques : changer notre régime alimentaire pour manger moins de viandes rouges, décarboner nos modes de déplacements pour des mobilités douces, privilégier des circuits de consommation courts mais aussi poursuivre l’évolution de nos politiques publiques sur l’aménagement et l’urbanisation de nos territoires, la (re) localisation de nos industries, l’offre et le mix énergétique etc. Le sujet ne se limite pas à une simple sobriété d’usages. Comme toute transformation, la complexité de la conduite de changement à opérer est primordiale. A l’échelle de l’État, la responsabilité pour éviter des risques de fracture sociale et d’accroissement des inégalités est un enjeu évidemment majeur. La mobilisation du gouvernement inédite vers l’ensemble des équipes ministérielles et ses cadres dirigeants sur la formation à la planification écologique et la création d’un secrétariat dédié, le « Secrétariat Général à la planification écologique », en témoignent bien…
Nous pouvons craindre des dommages collatéraux aux transitions écologiques à venir… Des évènements climatiques majeurs et ponctuels peuvent créer des déséquilibres dont l’impact est difficile à mesurer : des inondations et des submersions mais aussi des incendies peuvent conduire à des flux migratoires importants soit transitoirement pour protéger les populations soit plus durablement si nous ne veillons pas à préserver l’écosystème de notre planète, nos ressources naturelles (ressources en eaux, océans, forêts) et leur consommation par des usages plus sobres… Si on y pense avec une réflexion prospective et si on agit maintenant en profondeur et durablement en dosant le bon équilibre entre contraintes, régulation réglementaire et accompagnement des équilibres sociaux, on doit pouvoir gagner en impact et impulser des changements de trajectoires. Il faut en tout cas y croire pour l’avenir de notre planète, de nos enfants et des générations futures.