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Par Sylvana LORENZ « Madame Cardin »
La mode est plus qu’une façon de s’habiller pour les femmes. À travers son évolution, on peut suivre leur chemin vers la libération de leur corps et de leur place dans la société. Elles ont été aidées en cela par des pionnières de la mode, créatrices de vêtements libérateurs. Féministes avant tout, elles ont mis en avant un des plus grands atouts de la femme pour avancer masquée : sa beauté. En osant les porter, les élégantes ont à leur tour fait avancer la cause. Un féminisme en apparence ordinaire qui cache une volonté de s’affirmer devant le pouvoir des hommes. Parmi les femmes créatrices de la mode libératrice, Jeanne Lanvin occupe une place à part. Elle est sans doute l’une des premières à avoir proposé, après la guerre, des robes à mi mollets et à la taille souple.
Madame Grès enchaîne avec des drapés aux lignes pures.
Mais c’est bien sûr Coco Chanel qu’il faut citer au premier rang des « libératrices de la femme ». Avec le jersey, utilisé jusqu’ici pour les sous-vêtements, elle propose des costumes infroissables et offre aux « garçonnes », des années vingt, les preuves de leur conquête sur les pouvoirs de l’homme, avec la jupe courte aux genoux, la taille escamotée, la poitrine effacée, la petite gaine, qui tient le buste, la chemise culotte et les chapeaux cloches qui laissent seulement apparaître comme signes féminins l’accroche-coeur. Enfin la femme peut s’habiller seule ! Mais il n’est pas sûr, qu’elle ait été, tout à fait « à la fête », malgré tant de sorties nocturnes célèbres, car elle a aussi abandonné, en se dépouillant, une partie de sa grâce, devenant androgyne. Elle se met à fumer, avec de longs fume-cigarettes et de superbes étuis qu’elle porte accrochés au petit doigt. Ce sont les « Années folles », traversées par des élégantes en smokings noirs à revers de soie, maquillées, épilées, aux pommettes tatouées de rose dont les poudriers tiennent lieu de mire.
Belle image que celle proposée par Mademoiselle Chanel, de la femme sans corset, les cheveux courts, habillée de jersey et qui le soir rentre seule dans sa robe légère qu’elle ferme elle-même, sur son corps svelte. Elle est le symbole de la femme nouvellement indépendante qui a coupé ses cheveux frisés, ondulés ou bouclés. Avec l’évolution de la mode dans le temps, le corps féminin s’affirme, moulé, dans une gaine en tulle élastique qui tient les bas et réduit les hanches.
Une histoire raconte qu’en 1937, à un dîner qui a suivi la première d’Ondine, Juliette Achard, femme du dramaturge Marcel Achard, portait une robe de Coco Chanel entièrement noire avec de grands gants blancs et d’admirables broderies anglaises. Lorsque soudain le corsage, suite à un mouvement vif, se rompit, livrant aux yeux de tous la plus belles des poitrines que tout le monde admira… et Juliette s’agrafa comme si de rien n’était car les femmes avaient désormais conquis la liberté de leur corps.
C’est bientôt le triomphe du costume tailleur, du chapeau feutre assorti à la robe. Nos écologistes d’aujourd’hui seraient horrifiés par l’étalage des manteaux de fourrure en castor, astrakan, loutre qui recouvraient les plus belles épaules de Paris.
L’autre signe de cette libération est bien entendu, le port du costume de bain et du pantalon de ski.
L’invention de la mini-jupe dans les années soixante a fait tourner bien des têtes. Créée par une jeune styliste anglaise du Swinging London, Mary Quant, elle est à l’origine d’une vraie révolution sexuelle en permettant aux femmes d’afficher leur droit au plaisir de la conquête. Cette surconsommation sexuelle s’affichera dans les années 2000, par une surconsommation du textile, prêt à porter, jetable, à petits prix, sans style défini autre que celui d’en montrer toujours plus sur les réseaux sociaux, Instagram donnant les tendances de ce qui se portera demain.