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Par Aude Boussarie
Longtemps… trop longtemps, la place de la femme dans le paysage artistique a été méconnue, occultée, spoliée. Nombre d’entre-elles pourtant reconnues à leur époque ont été reléguées aux oubliettes, beaucoup sont restées dans l’ombre de leurs mentors masculins, certaines ont falsifié leur identité en prenant des pseudonymes masculins pour exister envers et contre tout.
Le registre lexical même du monde de l’art laisse peu de place au féminin : comment qualifier la femme artiste, le femme peintre, la femme photographe… sans en préciser le genre avant ou après la fonction ?
Anodin ? Non ! Linda Nochlin, historienne de l’art, démantèle dans l’essai ironiquement intitulé « Pourquoi n’y a-t-il pas eu de grandes artistes femmes ? » la notion de génie artistique définie par les hommes et dévoile les structures institutionnelles et sociales qui ont tenu les femmes à l’écart des carrières artistiques pendant des siècles.
Depuis près de dix ans, les expositions, rétrospectives, solo-show autour des artistes féminines fleurissent dans les plus grandes institutions artistiques, musées, fondations et dans les galeries d’art contemporain. Elles@centrepompidou (2009-2011), Elles font l’abstraction (2021), Alice Neel, un regard engagé (2022) au Centre Pompidou ; Les Pionnières (2022) au Musée du Luxembourg ; Françoise Petrovitch, Derrière les paupières (2022) à la BNF ; Rosa Bonheur (1822-1899) au Musée d’Orsay… Cette tendance, fruit du travail de femmes actives dans le panorama de l’art telles que les conservatrices ou les commissaires d’exposition, ainsi que l’évolution récente des mentalités quant aux questions du genre dans l’ensemble de la société a des répercussions directes sur le marché de l’art actuel. Dans le rapport annuel sur « Le marché de l’art ultra-contemporain » publié par Artprice, il apparait que le succès n’est plus exclusivement réservé aux hommes ; mais bien aussi aux femmes, voire aux très jeunes femmes qui prennent une place prépondérante sur le marché de l’art. Les chiffres révèlent d’abord que l’art contemporain pèse 17,6% du marché de l’art. Le marché de l’art ultra-contemporain, qui recense les artistes nés après 1983, représente 2,7% de l’ensemble du marché de l’art. C’est cet art ultra contemporain qui donne les grandes lignes et décrypte ainsi les enjeux de l’art pour les prochaines années.
Pour l’heure, il annonce un virage certain du paysage artistique avec l’émergence des NFT mais aussi, et surtout, par la présence des artistes femmes dans les différentes études développées dans ce rapport sur le marché de l’art pour la période 2021-2022.