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Par Geneviève Salsat, Présidente fondatrice de Public Conseil et Présidente de la Commission Institutionnelle du Groupement du Patronat Francophone ® (GPF)
Nous l’avons oubliée, mais l’élégance morale, érigée en vertu nationale, pourrait, à bien y regarder, nous sauver de la folie dans laquelle nous sommes tombés. Rien ne nous est épargné en ces temps troublés !
D’abord, la bien-pensance, qui est aujourd’hui reine. Nous sommes priés de la respecter à la lettre sous peine de mort sociale. Balayons au passage le principe de liberté d’expression et de liberté de pensée, si chères à nos révolutionnaires de 1789 qui, pour beaucoup, ont payés de leur vie cette émancipation. Ensuite, la curée sur notre histoire, qui est à la dernière mode. Nous sommes sommés d’en déboulonner des symboles. Oublions au passage que juger l’histoire à l’aulne du 21ème siècle est une double ineptie : la première, parce que mettre à terre une statue ne réécrira pas l’histoire et n’effacera pas les faits qui se sont produits ; la seconde, parce que gardons-nous bien d’être jugés à notre tour par les générations futures sur nos actions d’aujourd’hui qui ne méritent sans doute pas toutes le Prix Nobel. Le comble de l’ironie est atteint lorsque ce déboulonnage est revendiqué par un artiste, récompensé de surcroît aux Césars, qui fait, soit dit en passant, très peu de cas du travail de l’artiste qui a sculpté dans le marbre ou dans le bronze…
Enfin, le racisme érigé en étendard pour être la justification à toutes les extrémités. Sa dernière expression en date étant celle de l’UNEF qui interdit aux blancs de participer à une réunion sur la discrimination, sans s’apercevoir une seule seconde qu’ils font exactement ce qu’ils disent combattre…
Serions-nous, comme le dit très justement Franz-Olivier Giesberg, en train de réinventer l’apartheid ? Lorsqu’un peuple tombe dans autant d’errances, on peut se demander s’il a gardé toute sa raison… Alors, me direz-vous que faire ?
Il est des armes qui paraissent désuètes au premier abord, mais qui peuvent être plus efficaces que toutes les vociférations ou manifestations. Gandhi l’avait bien compris. Sa non-violence qui interloquait ses plus proches amis, que raillaient ses plus farouches ennemis, a conduit l’Inde à l’indépendance et influencé nombre de théoriciens et de politiques. Excusez du peu !
L’élégance morale en est une autre. J’en suis convaincue. Individuelle, elle est le plus sûr chemin pour changer nos comportements Collective, elle aurait le mérite de nous redonner une grande liberté de pensée et de parole. Universelle, elle nous permettrait de laisser en paix notre histoire et d’arrêter de confondre mémoire et caution. Pertinente, elle nous insufflerait un peu de « jugeotte » pour reprendre une expression chère à nos grand-mères et nous éviterait ces spectacles aussi choquants que désolants.
L’élégance morale est bien plus qu’une attitude. C’est une philosophie de vie.
Alors, peut-être retrouverons-nous le plaisir de vivre ensemble, dans cet espace clos qu’est la terre, pour la préservation de laquelle nous avons bien mieux à faire qu’à nous entredéchirer.