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L'association AEDI (Aide aux Enfants en Difficulté) de Montrouge offre la possibilité à des enfants handicapés de vivre un moment incroyable en présence de leurs parents. C’est ainsi que Benoît, commandant de bord de l’équipage « Les Cieux qui brillent », les fait voler le temps d’un tour d’avion.
Une interview de Lisa Morelli
Lisa :Vous êtes pilote mais également militaire ; comment en êtes-vous arrivé à faire voler des enfants déficients intellectuels ?
Benoît : Entre mon activité de pilote dans l’Armée de l’Air et de l’Espace et celle dans l’association « Les Cieux Qui Brillent », il n’y a pas vraiment de différence. Dans les deux cas, c’est une volonté de ma part de donner du sens et une certaine intensité à mes vols. J’ai créé cette association initialement pour participer à l’opération « Rêves de Gosses », au profit d’enfants « cabossés par la vie », soit par la maladie, le handicap, ou défavorisés socialement. La cerise sur le gâteau, c’est une caravane de vingt-deux avions qui fait un Tour de France : nous faisons voler environ une centaine d’enfants par jour. J’ai participé à « Rêves De Gosse 2022 », et au retour je me suis demandé : « Pourquoi ne pas faire les mêmes choses à côté de chez moi ? ». C’est ainsi qu’est née l’idée de créer l’événement « Envol Montrouge ».
Lisa : Que vous apporte le contact avec les enfants ?
Benoît : L’émerveillement ; ce qui se passe dans l’avion est indicible. Au sol, nous avons des enfants autistes complètement recroquevillés sur eux-mêmes, mais on les voit s’ouvrir à l’envol. On peut parfois recevoir des enfants extrêmement agités, qui tapent partout ; mais une fois l’avion dans les airs, ils deviennent plus calmes et ouverts aux nouvelles sensations. Pouvoir agir n’a pas de prix. Parfois nous recevons aussi des personnes atteintes de la maladie de Charcot, qui sont complètement immobiles et ne peuvent exprimer des sourires parce que musculairement ce n’est pas possible ; mais leur cerveau fonctionne à 100%, et il y a quand même des émotions qui ressortent, des larmes qui coulent sur les joues, etc… Ça n’a pas de mots, ça se vit, tout simplement.
Lisa : Qu’est-ce qui vous frappe dans l’attitude des enfants ?
Benoît : Ça remet en question toute notre approche vis-à-vis du handicap et c’est très important. Des différences ; je n’en vois pas. Ils réagissent à leur façon, assez différente de la nôtre ; beaucoup ne vont pas pouvoir exprimer verbalement ce qu’ils ont ressenti, mais on le voit, on le perçoit. C’est pour cela que dans l’opération Envol Montrouge, les parents ou les frères et sœurs participent au vol ; ici je pars en vol avec trois enfants, et je suis le seul témoin de la magie à bord de l’avion.
Lors des vols, les enfants sont ravis, et ça leur permet de partager une activité en famille. L’inclusion sociale est notre principal objectif, accompagner en milieu ordinaire ou en accueil de jour des enfants et des adolescents en situation de handicap lié à une déficience intellectuelle ou à des troubles du spectre de l’autisme pour leur permettre d’avoir une vie sociale la plus variée possible et une meilleure autonomie dans leur quotidien. A l’AEDI, il s’agit de développer la possibilité de s’exprimer, le fait de pouvoir créer quelque chose, et surtout que les enfants participent à des projets visibles et partageables. Nous sommes dans un état d’esprit de ne pas se cacher : reconnaître le handicap fait partie de la vie.