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« Les gens doivent apprendre à reconsidérer vraiment ce qu’est l’homme. J’ai l’impression que nous sommes en train de perdre quelque chose d’essentiel en nous enfermant dans des clichés. »
Tout le monde veut collaborer avec lui. C’est l’un des artistes africains les plus recherchés du moment. Infatigable curieux, Wasis Diop fend le bitume parisien de ses longues jambes pour observer l’existence avec le recul de sa pudeur poétique. Lui qui sait si bien bâtir des ponts entre les cultures et ouvrir les cadenas des coeurs fermés à double tour nous transmet de sa voix profonde, sensuelle et habitée, une certaine élégance de la vie. Eloge du savoir-vivre ensemble.
Propos recueillis par Christelle Crosnier
Pour moi la discrimination n’existe pas sauf si elle est institutionnalisée comme ça a été le cas aux États Unis, en Afrique du Sud et durant les sombres heures de l’Allemagne nazie.
Le « racisme » est un mot que je déteste. Je n’ai jamais entendu un mot aussi violent, mes cheveux se dressent sur la tête tellement ce terme est barbare. Il ne peut y avoir de solution dans un débat où l’on dit n’importe quoi et où l’on nous infantilise. Les codes d’aujourd’hui sont des codes de haine, des codes de fanatiques, des codes de glands, des codes de comploteurs, et j’en passe, des codes et des codes et des codes. Moi je suis un universaliste qui aime le monde. Ce qu’on appelle discrimination, je le définis comme une forme d’état d’animalité, très exacerbé chez certains. La notion de race est tellement relative ! Il n’y a que les imbéciles qui pensent que cela existe.
En ce qui me concerne je ne vois pas les couleurs. Pour moi, un homme, c’est quelqu’un qui est reconnaissant et fier d’être ce qu’il est. On pourrait me donner un coup de balai, cela ne me ferait absolument rien tellement je suis fier de mes parents et de mes origines.
Je suis un homme qu’on ne discrimine pas, parce que je sais qui je suis, l’enfant d’un père et d’une mère venant d’un continent absolument extraordinaire. Etre discriminé, c’est accepter de l’être ; mais l’homme, le gentleman qui est là, fier, qui sort, se promène et avance ne doit rien avoir à faire avec des réactions complètement imbéciles de personnes incapables de contrôler leur état d’animalité.
Les Noirs commencent aussi à me fatiguer avec leur narcissisme complètement déplacé : c’est un manque de reconnaissance envers la vie en réalité que de se sentir violenté par des regards ou défavorisés.
Il faut vraiment avoir beaucoup de chance pour être noir. Malheureusement, les Noirs d’aujourd’hui ne comprennent pas cela. Lorsque je me promène dans des rues où il y a des maternelles et que je vois des enfants de toutes les couleurs main dans la main, je me dis que les adultes sont devenus vraiment des cons.