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Présenté en 2013 par le milliardaire Elon Musk,
le projet Hyperloop est censé révolutionner la façon dont nous nous déplacerons dans le futur. Pourtant dix ans plus tard, les avancées restent faibles et posent
des questions sur la possibilité de voir l’Hyperloop naître un jour.
Par Thomas Duchassin
Quand il s’agit d’idées farfelues et ambitieuses, Elon Musk n’est jamais très loin. Le fantasque homme d’affaires américain, fondateur de Tesla et SpaceX, cherche toujours à trouver le concept qui révolutionnera la société. En août 2013, il présente un projet baptisé “Hyperloop” qui vise à modifier considérablement la manière de parcourir de grandes distances sans avoir recours à l’avion.
D’abord aux Etats-Unis, parce que le pays ne possède toujours pas de ligne de train à grande vitesse c’est-à-dire qui dépasse les 250 km/h. Et ensuite pour proposer une alternative à l’avion voire même être plus rapide que celui-ci.
Le concept Hyperloop repose sur l’utilisation de capsules pressurisées d’environ deux mètres de diamètre qui se déplaceraient à très grande vitesse à l’intérieur de tubes à basse pression. Ces capsules sont propulsées par des moteurs électriques et lévitent grâce à des systèmes de sustentation magnétique ou d’air comprimé, ce qui permet d’éliminer la friction et d’atteindre des vitesses très élevées. Ces dernières pourraient dépasser les 1000 km/h, ce qui serait beaucoup plus rapide que tout autre moyen de transport terrestre existant. Cette vitesse permettrait de réduire considérablement les temps de trajet entre les grandes villes, ce qui aurait un impact significatif sur la mobilité et les échanges commerciaux. Un autre avantage majeur du système Hyperloop est son efficacité énergétique. En effet, il fonctionnerait à l’aide de propulseurs électriques et ainsi contribuerait à la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
De plus, le faible niveau de pression à l’intérieur des tubes limiterait considérablement la résistance de l’air, permettant ainsi une consommation d’énergie plus faible par rapport aux trains à grande vitesse ou aux avions.
Mais à l’heure actuelle, ce projet de voyager ainsi d’une ville à une autre à 1000 km/h dans des capsules relève presque de la science-fiction. Pour une fois ce n’est pas forcément le coût le problème car il serait sensiblement le même que celui pour construire des lignes de trains à grande vitesse. L’exploitation reviendrait selon les estimations de Hyperloop One à 80 millions de dollars le kilomètre pour un trajet Los Angeles – San Francisco soit un tout petit peu plus que le train (76 millions de dollars le kilomètre). Il faudrait cependant construire des infrastructures similaires à celles des lignes ferroviaires en particulier les transports monorails.
Le principal frein est tout simplement le savoir technologique. Les systèmes de sustentation magnétique ou d’air comprimé efficaces et fiables qui devront équiper les infrastructures doivent être mis au point et testés pour garantir la sécurité et la stabilité des capsules à grande vitesse. Certes, plusieurs start-ups et sociétés se sont lancées dans le concept et ont parfois réussi à faire des petites démonstrations. Par exemple, Hyperloop One a atteint en 2017 un record de vitesse de 310 km/h au bout de 300 mètres, sur une distance de 437 mètres. Soit l’équivalent d’un TGV qui lui peut faire des trajets de plusieurs centaines de kilomètres. Ces chiffres sont donc extrêmement éloignés des promesses initiales qui annonçaient pouvoir parcourir des milliers de kilomètres à une vitesse bien supérieure à celle d’un train. Comment également s’assurer que ce mode de transport soit sécurisé ? Si un incident touche une capsule, comment savoir si celles qui suivent ne vont pas venir la percuter et ainsi provoquer une réaction en chaîne ? Comment évacuer les passagers lors d’un incident ?
Quand bien même, l’Hyperloop serait électrique, il n’en reste pas moins qu’il faut la produire cette électricité. Or selon des estimations de Vinci, il consommerait sept fois plus d’électricité qu’un TGV actuel, qui utilise environ 20000 kW/h pour 100 kilomètres parcourus, ce qui pose des questions sur la pertinence de vouloir aller toujours plus vite. Un autre problème des systèmes qui fonctionnent à l’électricité est qu’on ne sait toujours pas la stocker. Comment produire autant d’énergie alors que nous arrivons de plus en plus proches de l’épuisement des énergies fossiles ? La réponse semble évidente avec les panneaux solaires, les éoliennes, les barrages. Mais comme on ne sait pas la stocker en quantité suffisante comment faire lorsque les conditions climatiques ne permettent pas d’en produire suffisamment voire pas du tout ? Toutes ces interrogations font qu’aujourd’hui, nous sommes encore très loin de pouvoir nous déplacer d’une ville à une autre à une vitesse proche du mur du son.