Didier Roche est aveugle depuis l’âge de six ans et entrepreneur dans le cœur depuis toujours. Son approche intuitive de l’entreprenariat en fait un serial rêveur, un nom qu’il a même déposé à l’INPI !
Christelle : Votre handicap vous donne-t-il une autre façon d’envisager l’entrepreneuriat ? Didier : Dès lors qu’on a estimé que la personne handicapée que j’étais devait être à tel ou tel endroit, savoir faire ceci et pas cela, que les autres choisissaient pour moi, j’étais dans une forme de soumission et je ne donnais pas le meilleur de moi-même. Ceux qui, par contre, ont accepté de me rendre autonome et de me laisser expérimenter la vie m’ont permis d’être libre. C’est ainsi que j’ai décidé, dans le cadre du management que j’opérerai auprès de mes équipes, que je leur permettrai d’être eux-mêmes. Lorsque je recrute des nouveaux directeurs généraux ou managers, je leur explique que dans la vie il vaut mieux avoir l’accompagnement d’un ami que la soumission d’un vaincu. Cela crée une dynamique positive. Lorsque j’étais handicapé dans toute la splendeur du terme, à savoir « celui qui ne pouvait pas » aux yeux des autres, c’était confortable d’avoir des personnes qui décidaient pour moi, mais je recevais en retour une image très négative de moi-même. Pour en sortir, j’ai compris qu’il fallait que je me mette en action, car cela suscite des émotions : si j’aime ce que je fais, je m’aime par la même occasion tout comme j’aime les personnes avec lesquelles j’agis.