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Par Deolinda Ribeiro, globe-trotteuse, qui a travaillé près de trente ans à l’UNESCO, notamment au Centre du Patrimoine Mondial
« J’aimerais tant voir Syracuse, l’Ile de Pâques et Kairouan, et les grands oiseaux qui s’amusent à glisser sous le vent… » chantait Henri Salvador qui a succombé au charme de cette île volcanique, fascinant morceau de terre de 163 km2 perdu dans le pacifique au large du Chili, également appelé Rapa Nui, « Grande Terre », ou Mate-kite-Rani, « des yeux qui regardent les étoiles ».
Annexée par l’Espagne en 1770, possession chilienne depuis 1888, l’île compte moins de 10 000 habitants, vivant à Hanga Roa, seule ville de l’île, qui parlent l’espagnol mais revendiquent âprement leurs origines polynésiennes.
Terre d’explorateurs, découverte le jour de Pâques par un navigateur néerlandais, Jacob Roggeveen, ses neuf cent fameux géants, les Moaï, « marcheurs de rêves » taillés dans la roche volcanique, dont certains pèsent jusqu’à cent tonnes, trônent en majesté ou restent couchés inachevés. Ils ont le regard vide, à l’exception d’un seul, dont les yeux sont constitués de corail. Leur nom complet est « Moaï aringa ora », « visage vivant des ancêtres », et ils furent sculptés afin que le Mana, pouvoir spirituel des anciens, veille sur la tribu des Hanau Eepe (« longues oreilles »), premiers habitants de l’île.
Le complexe cérémonial de Tahai regroupe trois plateformes avec leurs Moa. Tahai reste le lieu incontournable pour venir admirer le soleil se coucher juste derrière les Moaï. C’est à Ahu Tongariki, des plates-formes cérémonielles de pierre volcanique, que l’on trouve le plus grand nombre de Moaï debout.
L’histoire de l’Île de Pâques reste bien mystérieuse. Le travail des archéologues est particulièrement difficile à cause du manque de témoignages ou de sources fiables. Même si le voile a été levé partiellement et que les extra-terrestres n’ont rien à voir dans tout cela, de nombreuses questions sont encore sans réponses ou âprement débattues dans la communauté scientifique : comment ont été érigés ces colosses plusieurs fois centenaires dont la taille varie entre trois et vingt-et-un mètres ? Comment sont-ils arrivés là ? Comment ces peuples anciens ont-ils réussi à déplacer des statues aussi massives, et comment sont-ils parvenus à placer des chapeaux de pierre (Pukao) aussi lourds sur leurs têtes ?
Les Champollion et explorateurs en herbe, sont encore tentés de percer les secrets de son écriture rongo-rongo, seule écriture du Pacifique composée de cent-vingt signes (poissons, tortues…) gravés sur des tablettes de bois ou de pierre, de ses statues monumentales dressées pour l’éternité face ou dos à l’océan, mais aussi de l’homme-oiseau célébré chaque année lors des premières pontes des sternes.
Isolement, mystère, bout du monde, un voyage à Rapa Nui sera forcément une expérience hors du commun. N’oubliez pas à votre arrivée de dire « bonjour » et « au revoir » : « iorana » !